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Rians (Cher) > Art et Culture > Sorcières en Berry
 
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Les histoires vécues de tante Victoire

Elle naquit en Berry en 1863 et vécut 90 ans. Aînée d’une famille nombreuse et assez pauvre, elle eut une vie dure « cherchant son pain » dans les fermes et elle ne connut jamais l’école. Mais, si elle ne savait pas lire, par contre elle savait très bien raconter et fut lucide jusqu’au bout. Mon enfance se trouva donc bercée par ces récits vécus et j’en garde le vivant souvenir.

Elle disait par exemple : « il ne faut pas aller chez la mère Untel parce qu’elle a un crapaud dans sa cave comme toutes les sorcières qui enlèvent le lait du pis des vaches de leurs voisines. Le crapaud les tète la nuit…

Ou bien : A une certaine époque de l’hiver, on creuse des citrouilles et dedans on allume des bougies. On les place aux carrefours et la nuit ça fait peur. Eh bien il ne faut jamais faire peur. Il y a longtemps, à Rians, on a fait ça à un jeune homme un peu simple mais très fragile. Il a eu une frayeur atroce. Et, quand il a su qui lui avait joué ce tour, il l’a tué de suite. Puis il a fini au bagne.

Encore : si tu vois passer une femme dont tu penses qu’elle est peut-être sorcière, il faut pour conjurer le sort, te signer rapidement en disant trois fois tout bas « j’te doute sorcière »

Puis : si quelqu’un de louche met les pieds chez toi, arrose ta maison d’eau bénite, et, pour protéger tes bêtes et tes récoltes fais le tour de ton champ en l’aspergeant de gros sel. Les sorciers ont peur du sel.

Entre autres : moi, à Bussède, étant veuve et isolée, j’ai eu la visite des « birettes » toute une nuit au grenier. Elles ont agité des chaînes et elles grinçaient des dents. Je t’assure que je n’ai pas fermé l’œil.

Plus : un autre jour, sur mon chemin j’ai vu un lièvre qui ne partait pas et j’allais le ramasser quand j’ai senti comme une brûlure, sûr, c’était le diable…Il se déguise souvent en animal pour mieux nous piéger. Là j’ai retiré ma main à temps.

Conseils : quand tu passes un carrefour là où il y a une croix, surtout signe-toi, ainsi tu éloignes et le diable et les sorciers. Ne t’aventure pas au cimetière à la tombée de la nuit, des feux follets sortent de partout et c’est dangereux, tout le monde le sait.

Puis : j’ai connu une fille qui savait bien lire mais malheur lui en prit, un jour elle lut « Le Petit et le Grand Albert » les évangiles du diable et elle devint folle à lier. Elle dut finir enfermée.

Et : si à minuit on trouve des empreintes de bouc, ce sont toujours celles du diable.

Encore : j’ai connu un homme qui se rendait au sabbat avec une poule noire sous le bras. Il se cachait. Que faisait-il avec Satan ? Il devait sûrement jeter un sort à quelqu’un…mais personne ne s’aventurait ainsi.

Puis : pour se défendre des sorciers il faut leur tirer dessus avec du plomb bénit , sinon ce n’est pas efficace.

Ensuite : quand j’étais gamine, il y avait des meneurs de loups et ça nous faisait très peur au fond des campagnes. Les loups obéissaient à ces hommes mieux que nos propres chiens. Dame là, pas le choix, il ne fallait surtout pas les contrarier et chacun donnait ce qu’il avait de meilleur pour nourrir les bêtes en priorité. Ces meneurs avaient un pouvoir inimaginable et ils étaient très craints…

Autres dires : pour faire tomber quelqu’un malade, je sais que les sorciers se servent de poupées qu’ils transpercent avec des clous, ainsi vous souffrez de l’endroit piqué et ça peut aller jusqu’à la mort.

La nuit, il y a aussi les loups-garous ( ni chiens, ni hommes, ni loups ) qui sont également dangereux mais ceux-là on ne peut jamais les attraper.

Autres choses : j’ai aussi connu un homme qui a jeté un sort dans un mouchoir, sa fille qui ne le savait pas l’a ramassé ; elle est morte six mois plus tard. Lui s’est tout desséché ( comme beaucoup de vieux « jeteux » )

Un autre qui s’adonnait à la magie noire est devenu fou. Mais avant il avait mis un crapaud dans un bocal, l’avait salé et laissé sept lunes ainsi. Le crapaud ensuite cloué sur un arbre au milieu d’un pré avait fait périr une vingtaine de vaches.

Puis : j’ai vu une sorcière qui se promenait la nuit escortée de dizaines de chandelles et le jour les enfants lui lançaient des pierres.

Autres conseils : on dit qu’il faut se méfier des chats noirs et des chouettes, ils auraient les yeux du diable...

Souvenir : moi…une fois des rats me suivaient et je ne pouvais pas m’en débarrasser . D’où venaient-ils ?

Ne dis jamais à ta voisine combien d’œufs pondent tes poules car si elle est sorcière, elle les ramènera tous à elle.

Et etc…on pourrait en écrire des pages et des pages... Ma tante Victoire me fascinait avec tous ses récits. Y croyait-elle ? Sûrement pas mal. Peu importe ! Pour moi c’était une mine d’or.
En tous les cas, qu’elle racontait bien !

Andrée Taillandier

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La vieille sorcière

Elle va marmottant mille malédictions
Semant sur son passage un parfum sardonique,
Des sorts qu’on ne voit pas, sombres machinations
Qui font trembler l’enfant soudain pris de panique.

Il faut pour lui barrer la route maintenant
Faire un signe de croix et s’esquiver sans hâte
Car la vieille est rusée et son œil est perçant,
Il ne faut point vexer celle qui vous appâte.

En partant au *sabbat lorsque sonne minuit,
Elle pourrait pour vous demander un supplice.
Il vaut mieux l’ignorer et sans faire de bruit
S’éloigner doucement avant qu’elle maudisse…

Elle a comme gardien le plus gros des crapauds,
Elle rase les murs, animal solitaire,
Elle entasse, dit-on, chez elle des lingots,
Puis nul ne sait comment elle a si grande terre…

C’est qu’elle vit la nuit, sans témoins, dans le noir
Abattant du travail plus que dix gars ensemble,
Le diable est son ami mais on ne peut le voir
Et c’est tout le pays qui se cache et qui tremble !

( * sabbat : rendez-vous des sorcières avec le diable )

Andrée Taillandier

Le sabbat de Billeron

C’est le sabbat à *Billeron,
Ça sent le soufre et le chaudron
Et tous les sorciers de la plaine
Dansent en rond à perdre haleine.

Des cornus, des malodorants
Poussent des cris incohérents.
Des balais volent sous la lune
Dans une valse peu commune.

Mais celui qui pas invité
A voulu voir comme initié
En gardera l’amère trace
Lui labourant toute la face.

« Soyez prudents braves garçons,
J’en ai tiré quelques leçons
Dira ce pauvre pitoyable,
Surtout n’approchez pas le diable. »

( * Billeron : lieu-dit en Berry, tout près d’ici,
ayant eu cette noire réputation. )

Andrée Taillandier

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La Mare au Diable

La nuit tombe, complice, en ondoyantes ombres
Et la lune glissant sous les nuages sombres
Farde le vieux Berry de bleus inquiétants
Qui nous font remonter dans un tout autre temps.

Ecoutez le silence, humez le soir de brume
Que balaye le vent, que la terre parfume.
Là des chuchotements au buisson assoupi
Nous font penser soudain à François le champi.

Et la mare immobile en la pâle lumière
Ne bouge pas un pli, du diable prisonnière.
Un couple pétrifié comme en méditation
Hésite à s’arracher à sa fascination.

Le Malin est partout et pourtant invisible,
Son souffle est froid soudain sur la glèbe paisible,
Alors le cœur frileux a peur de l’inconnu
Et sort, ensorcelé, du tableau retenu.

(d’après un tableau de Bernard Patrigeon)

Andrée Taillandier

Bernard Patrigeon berrichon de souche, artiste peintre et sculpteur plutôt figuratif, qui expose dans tout le département depuis plus de 40 ans.
Il dispose de son atelier à Nançay .

Depuis 5 ans, Bernard Patrigeon s’applique à restaurer une ancienne maison en alliant la pierre, la brique et le bois pour y installer son atelier de peintures et de sculptures .

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